J’ai longtemps résumé l’Allemagne à l’Oktoberfest, Berlin et les nazis, cru que les Alpes étaient à Chamonix (merci les Boys !) et le soleil en Espagne. Il a fallut que j’emménage en Bavière il y a deux ans pour distinguer le vrai du faux. Que j’ignore les palmarès truffés de clichés à la «10 raisons de visiter l’Allemagne» , que je laisse de côté les blogues bidons et les guides de voyage pour enfin découvrir le véritable visage du pays, de Berchtesgaden à Nuremberg en passant par Pirna. Il serait tentant d’insérer ici «hors des sentiers battus», mais puisque j’ai horreur du terme, je dirai simplement loin de la choucroute et du Neuschwanstein.
Sur les sentiers de l’Allgäu
C’est donc en faisant mes recherches dans la langue de Goethe et en m’informant auprès d’amis allemands que j’ai découvert ce petit paradis qu’est l’Allgäu. Aussi connue sous le nom de Souabe bavaroise, cette région du sud de l’Allemagne adossée à la frontière autrichienne est traversée par les hautes montagnes des Alpes, dites Alpes d’Allgäu. Et qui dit montagnes, dit randonnées. On y va ?
Randonnée sur le Laufbacher Eck
En ce beau weekend d’octobre 2015, nous rejoignons Oberstdorf, village le plus au sud de l’Allemagne. Paradis du ski en hiver, eldorado des randonneurs en été, il sera notre camp de base pour les jours à venir. Justement, c’est de là que partent de nombreux sentiers de randonnée, dont celui qui nous intéresse aujourd’hui : le tour alpin jusqu’au sommet du Laufbacher Eck.
Longueur : 12,9 kilomètres
Durée : 3h30
Élévation maximale : 2179 mètres d’altitude
Dénivelé positif: 615 mètres
Notes : Clairement délimité et cumulant un faible dénivelé, le sentier présente toutefois quelques passages plus exposés où sont heureusement installés des câblages pour plus de sécurité. Les bâtons de marche deviennent vite inutiles de par l’étroitesse de la piste et les passages à découvert, mais de bonnes chaussures demeurent indispensables en raison du terrain irrégulier et escarpé. Le genre d’endroit où il est impossible de marcher en textant et c’est pourquoi on les aime tant !
Rejoindre le sentier du Laufbacher Eck
Nous laissons la voiture au pied du Nebelhornbahn (prévoir de la monnaie pour les parcomètres – ils ne prennent ni les cartes ni les billets) avant de grimper dans une gondole qui nous transportera jusqu’à la station Höfatsblick, perchée à 1932 mètres d’altitude. Normalement on évite, mais la remontée mécanique nous sauve ici d’une montée raide sur un terrain sans véritable intérêt et plutôt dénaturé, entre les pistes de ski et les remonte-pentes. Vivement le raccourci jusqu’au septième ciel !
Point de départ: la station Höfatsblick
Le sentier du Laufbacher Eck, identifié par le chiffre 8 sur les cartes du Nebelhorn, débute à la sortie de la station Höfatsblick. Nous savourons vite notre première vue sur les falaises du massif (autrefois verdoyantes, désormais plutôt jaunes avec l’hiver qui approche) et le lac Seealpsee, qui semble alors flotter au-dessus des nuages. Le chemin se divise bientôt en deux : d’un côté il descend vers le lac et de l’autre il longe le Kleiner Seekopf, autre sommet culminant à 2096 mètres d’altitude.
Longer le Kleiner Seekopf
Évidemment, il faut rester en hauteur pour atteindre le sommet du Laufbacher Eck. La voie rétrécie graduellement et nous rencontrons nos premiers passages à découvert facilités par la présence des câbles. Le bleu vif du ciel attire non seulement nos regards, mais aussi les nuages restés jusqu’à maintenant dans la vallée. Non accélérons le pas, espérant atteindre le sommet avant de ne plus pouvoir profiter de la vue.
Le sommet du Laufbacher Eck
À notre arrivée au col, la vue supposément imprenable est complètement obstruée. N’empêche, nous décidons de nous asseoir un moment et de manger, là, dans les nuages. Nous dévorons nos sandwichs avec l’impression d’être seuls au monde dans une mer de cumulus – ou dans une publicité de Philadelphia, c’est selon. Puis, un coup de vent nous confirme que nous n’avons pas fait tout ce chemin pour rien, chassant pour un instant le voile qui recouvrait jusqu’alors le panorama. Comme deux enfants, nous franchissons les derniers mètres qui nous séparent du sommet du Laufbacher Eck au pas de course pour ne rien manquer du spectacle. En fait, c’est plutôt Alfog qui court. Moi j’en arrache.
Et quel dessert ! À nos pieds, seules les plus hautes montagnes des environs se taillent une place à travers les nuages. Autour, pas un bruit, pas un randonneur. C’est nous, les montagnes et un tapis de ouate. Pas de choucroute ni de Neuschwanstein, mais une Bavière bien authentique avec le soleil d’Espagne en visite.
Retour vers la station Höfatsblick
Le temps de faire quelques clichés et le voile blanc s’étend à nouveau, cette fois encore plus densément. Sans plus attendre, nous récupérons les sacs au col et entamons le retour vers la station Höfatsblick. Les mignons petits cumulus se transforment en brouillard et la randonnée détendue en une partie de cache-cache. Moi, je n’ai jamais été aussi heureuse de porter du fluo. Et de marcher sur des sentiers battus.
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Waouh ! C’est sublime ! Et c’est vrai, je crois que l’Allemagne (et la Suisse dans une moindre mesure) souffre d’une image erronée, on pense souvent à l’Histoire, aux forêts, aux villes, etc. Mais pas du tout à de si belles randonnées. Ca donne vraiment envie, vos photos sont magnifiques, et cette mer de nuages … Tellement magique ce sentiment d’être au sommet du monde 🙂
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Superbe, encore une fois 🙂 J’adore cette cape de nuage et cette vue au sommet…
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C’est sur notre planète ??? Photos magnifiques, tu touches le ciel !
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wow, quelle magnifique randonnée, ça donne vraiment l’impression que vous êtes dans les nuages, au dessus de tout, au ciel….je vous envie encore une fois car le sentiment de bien-être doit être assez intense, merci de partager ces superbes photos qui nous permettent d’imager ce que c’est d’être au septième ciel.
5 commentaires sur «Randonnée au Laufbacher Eck en Allgäu»