Vous le savez, nous sommes du genre dernière minute – surtout en matière de voyages. Alors que la plupart du temps, tout se passe normalement, il nous arrive aussi de rencontrer de belles et de moins belles surprises. C’est ce qui s’est passé lors de nos 4 jours de croisière de plongée sous-marine et en apnée dans les îles Similan en Thaïlande : un peu de beau, un peu de laid, et beaucoup de fous rires.
Voyage de plongée en Thaïlande à bord du MV Camic
Pa-klang, pa-klang, pa-klang. Impossible de dormir avec ce bruit infernal. Je me relève, j’attrape une chaussure et j’entreprends une nouvelle fois de bricoler un truc pour empêcher cette foutue porte de salle de bain de claquer. Rien n’y fait, sans loquet, elle vient se fracasser sur le mur à chaque tangage. Et pour tanguer, ça tangue.
Les amarres larguées depuis déjà quelques heures, nous sommes probablement à mi-chemin maintenant entre Khao Lak et les îles Similan, à naviguer de nuit sur la mer agitée d’Andaman. Normalement, nous devrions dormir pendant la traversée pour attaquer une première plongée au petit matin. Dans les faits, nous sommes tous les deux bien éveillés dans notre master cabin loin d’être luxueuse, assis sur un lit recouvert d’une pellicule de plastique à vous faire suer à n’en plus finir, et bercés non pas par les vagues, mais par ladite porte qui claque. Et quand on arrive enfin à l’immobiliser, c’est l’eau de la cuvette s’écoulant sans arrêt qui nous fait rager.
Et si ce n’était que ça. Dans le taxi qui nous menait au centre de plongée, nous avons appris que nous ne partirions pas avec la compagnie avec laquelle nous avions réservé, Khao Lak Explorer, mais plutôt avec le Similan Seven Sea Club, compagnie pour laquelle elle fait de la sous-traitance. Sans même avoir le temps de vérifier les commentaires sur celle-ci sur le Web, nous étions déjà embarqués à bord du MV Camic à destination des îles. Notre fameuse master cabin, grassement payée en raison des fêtes de Noël, n’avait manifestement pas été nettoyée depuis la dernière croisière, comme en témoignaient les poils, les cheveux et les traces de dentifrice qui recouvraient le lavabo. Un membre de l’équipage est venu, a fait ce qu’il pouvait avec les moyens du bord, puis est reparti. Et nous voilà maintenant loin des côtes thaïlandaises, à douter de notre choix… Pa-klang, pa-klang, pa-klang.
Plongée dans les îles Similan
Au petit matin, la mer s’était calmée. Nous dormons donc à poings fermés quand le wake up call retentit sur le pont. Dents brossées et maillots de bain enfilés à l’aveugle, nous voilà attablés à l’arrière du bateau pour recevoir nos premières instructions en sirotant un café. Sans surprise, nous apprenons que l’horaire sera rythmé par les plongées : une au lever, suivie d’un petit-déjeuner, une en milieu de journée, suivie du repas du midi, une en après-midi et finalement une en soirée, juste avant le repas du soir – et la bière. Entre les moments passés sous l’eau, nous serons occupés à manger, à nous prélasser au soleil, à roupiller dans un coin d’ombre ou à jouer une partie de cartes, selon nos envies. Pas de Wifi ni de réseau téléphonique, ce sera donc nous, le soleil et la mer.
Three Trees
Il est 7 h 30 quand la cloche sonne, annonçant aux plongeurs qu’il est temps de sauter à l’eau pour découvrir Three Trees, notre premier spot de plongée situé sur l’île #9 des Similan. De mon côté, je devrai attendre plus tard en journée pour faire trempette, l’endroit n’étant pas tellement favorable au snorkeling. Et surtout, je n’ai qu’une envie : retourner dormir.
Or, une fois tout ce beau monde à l’eau, l’envie d’aller m’enterrer dans ma cabine est disparu. Mon café à la main, je prends plaisir à me laisser bercer par les vagues qui entrent dans la baie, tout doucement. Le simple clapotis arrive à me faire oublier la porte, la cuvette et le matelas de plastique inconfortable. Loin des côtes, l’air a quelque chose de pur, de bon et d’apaisant – j’en prends quelques bouffées et me remémore des souvenirs d’enfance de ces étés passés sur le lac Champlain aux États-Unis. Francis refait surface et me tire rapidement de mes rêveries, excité comme un enfant d’avoir vu un requin à pointes noires.
Ao Kuerk Bay
Moi qui avais peur de trouver le temps long, je suis surprise de voir la fin de l’après-midi se pointer le bout du nez. À bord du zodiac, nous atteignons la plage de Ao Kuerk Bay, dominée par un grand rocher duquel on jouit d’une vue impressionnante autant sur l’île, la plage que les eaux turquoises de la mer d’Andaman. L’endroit est d’ordinaire bondé de touristes qui s’y rendent à l’occasion d’une excursion d’une journée dans les Similan, mais lorsque nous y mettons les pieds, tous les bateaux sont repartis et la plage de sable blanc est déserte. Le rocher, lui, n’attend plus que nous !
Heureusement que nous l’avons, cette petite excursion sur la terre ferme, parce qu’en termes de fonds marins, les plongeurs semblent tous plus ou moins déçus de leur journée – tout comme moi. Ni Three Trees, ni Rocky Point ou même Donald Duck Rock, n’ont répondu à nos attentes, considérant à quel point les îles Similan sont reconnues pour la plongée.
Plongée à Koh Tachai
Après une deuxième nuit beaucoup plus reposante que la première – nous avons enfin réussi à fixer la porte et à couper l’eau de la salle de bain -, nous voilà en route vers Koh Tachai, une île située à une vingtaine de kilomètres au nord des Similan. Le récif de l’île est prétendument l’un des plus beaux sites de plongée en Thaïlande, reconnu pour ses raies manta et ses requins, mais aujourd’hui, nous sommes plutôt accueillis par une tortue !
Malgré les courants forts, tout le monde saute à l’eau au Tachai Pinnacle, tandis que de mon côté je me rapproche de l’île pour faire un peu de snorkeling. Le zodiac nous dépose, moi et mon partenaire-aussi-matelot-qui-ne-parle-pas-un-mot-d’anglais-mais-qui-est-trop-sympathique, en amont du courant. Il reviendra nous chercher à la pointe de l’île, où nous dériverons tout naturellement. Au départ, tout va bien : nous rencontrons une multitude de poissons colorés, une pieuvre et même une murène !
Mais après une trentaine de minutes à manger des bouillons par-dessus le tuba, je réalise que nous dépassons bel et bien la pointe de l’île. Au loin, il n’y a pourtant aucun signe du zodiac qui doit nous ramener. Nous sommes là, comme deux idiots, à tenter de rester en place malgré le courant qui nous pousse vers le large, avec comme seul point d’appui la veste de flottaison que nous nous partageons. Difficile de communiquer entre nous, alors on crie, on lève les bras, et on espère être vus avant de se retrouver au Myanmar.
Moi qui m’émerveillais quelques minutes plus tôt à la vue de la murène, je m’interroge désormais, entre deux gorgées d’eau salée : est-il préférable de se faire manger par surprise ou de voir venir le monstre marin ? Non, il vaut mieux ne plus regarder sous l’eau. Puis, 30 secondes plus tard, je décide de jeter un oeil, histoire de sécuriser le périmètre. Je vérifie comme ça une fois, deux fois, trois fois, jusqu’à ce que j’entende enfin le moteur du zodiac s’approcher. Poussée par l’adrénaline, je grimpe dans l’embarcation comme une flèche – en fait non, comme un singe – c’est-à-dire sans grâce aucune, avec le bas de maillot qui ne recouvre plus mes fesses, mais plutôt le derrière de mes cuisses. Oups. Ce sera tout pour aujourd’hui. À la bière !
Plongée à Richelieu Rock
Après une plongée des plus matinales à Tachai Reef à laquelle je ne participe pas (allez savoir pourquoi !), nous mettons le cap sur Richelieu Rock, ou Hin Plo Naam en thaï, considéré comme le meilleur site de plongée en Thaïlande. Autour de ce rocher qui s’élève en plein océan Indien gravitent, semble-t-il (parce que nous n’avons rien vu de tout cela), des requins-baleines, des requins à pointe noire et des raies manta géantes. Ses coraux, très bien préservés, servent de refuge aux poissons-clown, aux crevettes et aux hippocampes. Bref, le paradis des plongeurs.
À notre arrivée, il y a déjà foule. Foule de monde et foule de courant. On me propose de sauter à l’eau pour faire du snorkeling, mais avec mon expérience d’hier, je préfère attendre d’être plus près d’une plage – juste au cas. Alors que les plongeurs sombrent, le bateau peine à rester en place. Ça tangue dangereusement, et je me félicite 1. de ne pas avoir le mal de mer et 2. de ne pas être dans l’eau.
Une quarantaine de minutes s’écoulent avant que les équipes ne remontent, toutes plus enthousiastes les unes que les autres. Selon leurs dires, le courant en surface s’éclipse rapidement lors de la descente, et l’on découvre une myriade de poissons multicolores. Pas de grosses prises aujourd’hui, mais la vie marine y est riche et abondante.
Normalement, nous devions passer une bonne partie de la journée à Richelieu Rock pour y plonger deux fois, mais avec les vents, l’équipage décide de retourner se mettre à l’abri à Tachai. Inutile de vous dire que tous les plongeurs sont extrêmement déçus : Richelieu étant le plus beau site qu’ils ont vu jusqu’à maintenant, ils n’ont aucune envie de retourner à Tachai, qu’ils ont de toute façon déjà exploré hier et ce matin. Rien à faire, nous sommes déjà en route. Et avec de telles vagues, notre installation spartiate pour retenir la porte de la salle de bain ne tient évidemment plus. C’est parti pour une nouvelle symphonie : Pa-klang, pa-klang, pa-klang…
La suite la semaine prochaine avec la fois où Francis a failli mourir à Tachai.
Pour lire l’article précédent sur Khao Lak et la plongée à Surin, c’est ici.
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Où plonger en décembre ? Les Îles Similan en Thaïlande
Nous avions décidé un mois avant les fameuses vacances de Noël de partir en Asie pour plonger, moi en apnée et Francis en plongée sous marine. Après l’échec de notre voyage du temps des fêtes de l’an dernier, lors duquel nous étions partis au Sri Lanka avec la même idée mais qu’un typhon s’était immiscé dans le projet, éclipsant du coup toute possibilité d’explorer les fonds marins, nous étions bien décidés cette fois à trouver LE meilleur endroit où plonger en décembre. Maldives ? Trop cher. Philippines ? Trop loin. Égypte ? Trop froid.
Quelques recherches sur la toile plus tard, notre choix s’est finalement arrêté sur la Thaïlande, où la côte d’Andaman a la réputation d’être un paradis de la plongée en décembre. Mais pour atteindre les plus beaux sites et en profiter à fond, encore fallait-il prendre part à un liveaboard, une croisière de plongée de 4 jours, pour découvrir la vie sous-marine prétendument magnifique des Similan, de Koh Bon, de Koh Tachai et de Richelieu Rock. Aussitôt dit et aussitôt fait, une master cabin à bord du MV Camic était réservée à notre nom auprès de la compagnie Khao Lak Explorer. Dispendieuse, certes, et ce malgré un bateau pour petit budget, mais rien d’autre n’était disponible à Noël (c’est aussi ça, les désavantages du dernière minute).
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Ton récit m’a fait passer par toutes les émotions et bien sûr j’attends la suite avec impatience quoique pas trop rassurée….mais je lui ai parlé, donc il a survécu….enfin je ne suis pas certaine de mes sentiments mais je suis anxieuse de lire la suite ça c’est certain.
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Quelle histoire ! À rendre le capitaine Haddock jaloux 🙂 J’ai ressenti ta peur perdue dans cette immensité bleue … pi là j’attends avec impatience la failli mort de Francis 😉
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comment ça donc, Jess’ connaît pas sa taille de maillot ^^
4 commentaires sur «Liveaboard de plongée en Thaïlande»