Le désert de sel d’Uyuni était sur ma « bucket list ». Je dis était parce que j’y suis déjà allé en 2009.
Règle générale, j’essaie d’éviter de visiter deux fois le même endroit. Le monde est vaste et j’ai trop soif de découverte. Mais quand j’ai vu Émilio, notre guide et chauffeur, photographier notre premier coucher de soleil dans le Salar d’Uyuni, alors que ça fait plus de 15 ans qu’il y guide, j’ai eu la confirmation que j’avais bien fait de m’y aventurer une deuxième fois. La destination peut surprendre et émerveiller, encore et encore. On y retourne ?
Retour dans le désert de sel d’Uyuni
Je suis prêt à 10h30. Aujourd’hui, je retourne sur l’immense plaine blanche qu’est le plus grand désert de sel au monde: Uyuni. La ville vibre au son des véhicules affectés au transport des touristes. Une routine quotidienne ici. À voir tous ces Toyota Land Cruiser datant des deux dernières décennies, je me sens comme si le temps avait été figé. Un effet de “déjà-vu”.
Pendant qu’Émilio termine les préparatifs et emballe nos sacs sur le toit, j’observe. Les passagers avec qui je partagerai les prochains jours sont fébriles. Idem pour ceux dans les véhicules environnants. Un rêve se réalisera aujourd’hui pour nombre d’entre eux. Moi? Je suis à cheval sur deux émotions. Fébrile d’y retourner, et inquiet de ne pas être aussi impressionné qu’à ma première visite.
En route vers le désert de sel d’Uyuni
Après seulement quelques minutes de route, à la lisière du village d’Uyuni, nous arrêtons au milieu de quelques douzaines d’autres véhicules. En regardant par la fenêtre, le cimetière de train me semble plus un terrain de jeu pour adultes: de grandes structures où grimper au centre d’un terrain de sable. À gauche et à droite, les visiteurs prennent leurs clichés souvenirs perchés sur les locomotives. Les imposantes carcasses, prématurément rouillées suite à leur détérioration accélérée par l’environnement excessivement salé, ont été abandonnées il y a une centaine d’années après l’arrêt d’un projet de développement ferroviaire. Nous en profitons pour marcher à la périphérie du site, à l’extérieur du bain de foule, et d’où nous avons un magnifique panorama sur les montagnes environnantes.
Astuce Pour avoir le site à toi seul et avoir des photos sans foule tu peux aller au cimetière de trains par toi-même. Une bonne option est au coucher de soleil. Le site est toujours ouvert et à quelques minutes de la ville en taxi.
Note Tu feras probablement un arrêt au village de Colchani, qui est principalement une allée de kiosques utiles aux achats de dernière minute. Ce n'est pas une place à aubaines, il est donc préférable d'avoir fait tes emplettes auparavant (par exemple à Uyuni).
Entrer dans le désert de sel d’Uyuni
Le désert de sel d’Uyuni est enfin à distance de marche. À notre gauche, nous le longeons pour en atteindre l’entrée plus au nord. En regardant attentivement, il me semble y voir un reflet, une couche d’eau. Je questionne Jessica qui acquiesce, suggérant que la pluie de la veille serait peut-être restée au sol…
Excité par la possibilité de visiter le Salar recouvert d’une couche d’eau – phénomène qui n’arrive qu’à la saison des pluies, de janvier à mars – je sors mon espagnol du dimanche pour me renseigner auprès d’Émilio. Il faudra revenir, puisque à ce temps-ci de l’année, le Salar est bel et bien sec. Ce que nous prenons pour de l’eau ? Un mirage !
Lorsque nous arrivons enfin dans le plus grand désert de sel au monde, le blanc du sel frappe. Partout autour, c’est blanc ou bleu. Tout comme sur la neige, les rayons du soleil reflètent sur le sel et il est donc important d’avoir de bonnes lunettes de soleil. La route? De simples traces au sol là où les véhicules passent quotidiennement. On peut donc choisir sa propre route, mais notre direction est claire: Isla Incahuasi.
Pouvant être vue de loin puisque seule au centre du désert de sel d’Uyuni, c’est une rare île à ne pas être entourée d’eau. Elle est aussi appelée l’île poisson à cause de sa forme vue de loin… mais honnêtement, on cherche encore le lien.
Sur la colline rocailleuse, des centaines, voire des milliers de cactus poussent. Je me sens petit à côté de ces géants hauts de plusieurs mètres et parfois millénaires. Après avoir traversé cette forêt inusitée en suivant le sentier bien tracé, nous arrivons au sommet de l’île. Tout autour: le désert de sel d’Uyuni. Au nord, je remarque le volcan Tunupa où je suis grimpé lors de ma première visite. On s’arrête un moment. Assis sur une roche, on profite du soleil, du souffle du désert et de ce paysage fascinant.
Les fameuses photos d’Uyuni
Si tu googles « désert de sel d’Uyuni » tu y verras des photos avec des jeux de perspective. C’est une étape quasi obligatoire quand on visite le désert de sel d’Uyuni. Et en plus très simple en termes d’organisation : s’arrêter au milieu de nulle part. Plus il n’y a rien autour mieux c’est ! Donc, une fois arrivés « nulle part » nous sortons les deux petits lamas achetés à La Paz pour l’occasion. L’objectif ? Monter les lamas à l’aide de la perspective. Mais le jeu n’est pas aussi facile que prévu. Quand on focus sur le lama, Jessica est flou. Après nos quelques échecs, Émilio, avec un sourire narquois, sort son grand dinosaure d’une trentaine de centimètres. Un plus gros objet rendra les choses plus faciles. Plus d’excuse, on aura notre photo !
Astuce Si tu as une caméra DSLR, il peut être difficile de prendre des photos avec les effets de perspective à cause de la profondeur de champ. Pour de bons résultats, tu peux diminuer l’ouverture (augmenter le F) ou simplement utiliser un téléphone. Ces derniers s’ajustent généralement bien au style et permettent de prendre d’une façon simple de belles photos. Le truc est d’être le plus près du sol possible et ajuster la distance de l’objet selon l’effet désiré.
Astuce Attention en suivant le sentier sur Isla Incahuasi. Malgré le faible dénivelé, tu es à 3 656 mètres. Comme disent les guides de haute montagne: tranquilo ! C’est le meilleur moyen de ne pas trop s'essouffler...
Les dernières heures du jour
On dit qu’une image vaut mille mots. Mais il arrive qu’une image ne rende pas justice. En quittant l’île Incahuasi, nous prenons plein sud en direction de San Juan, où nous passerons la nuit. À notre droite, le soleil descend à l’horizon. Les nuages changent continuellement et je peux difficilement évaluer si nous aurons un coucher de soleil coloré. Émilio arrête le véhicule à quelques kilomètres de la frontière du désert de sel d’Uyuni. Avec une trentaine de minutes avant le coucher de soleil, les nuages me semblent trop dense pour avoir un beau coucher de soleil.
Optimiste j’installe tout de même la caméra sur le trépied, derrière la voiture à l’abri du vent qui souffle. Je règle la caméra en mode time lapse, prenant une photo chaque 20 secondes. Nous aurons finalement droit à une véritable entrée en scène du soleil. Chaque instant nous offre une nouvelle couleur, un nouveau dégradé, une nouvelle lumière. Émilio semble émerveillé. Même après 15 ans à guider des groupes dans les environs, il photographie le spectacle haut en couleur du soleil de son véhicule. C’est avec ces images en tête que nous quittons le désert de sel d’Uyuni.
Dormir dans un l’hôtel de sel d’Uyuni
En entrant dans l’hôtel à San Juan, le contraste frappe. À demi endormis par la route, nous passons de la nuit noire extérieure à un intérieur tout blanc de sel. Le plancher? Une plage de sel. Les murs, les tables et les chaises? Des blocs de sel. Après m’être rassasié d’un bon repas chaud, quelques fous rires et une douche chaude, je pars rejoindre Morphée ! À mon réveil, j’aurai d’ailleurs besoin de quelques instants pour réaliser où je suis. C’est le contact de mon pied au sol, sur le plancher de sel, qui me le rappellera. Si tu as une blessure au pied, fais bien attention de la couvrir !
Notes
Si tu veux passer 4 jours en excursion, tu passeras probablement la première nuit plus au nord, au pied du volcan Tunupa. La journée supplémentaire est régulièrement dédiée à sa montée.
N’oublie pas d’apporter des Bolivianos supplémentaires. Les entrées à payer ainsi que la douche chaude peuvent seulement être payées en argent comptant !
L’Altiplano et ses flamants
Ce matin, le soleil se montre à peine au-dessus des montagnes lorsque nous quittons San Juan. Ayant quitté le désert de sel d’Uyuni en pleine nuit la veille, c’est un tout nouveau paysage qui s’offre à moi. Le plat du désert de sel d’Uyuni a maintenant laissé place à une grande plaine rocailleuse encerclée de montagnes. Émilio bifurque alors à gauche pendant que les autres véhicules continuent leur route. Nous nous retrouvons ainsi seuls sur une route hors-piste à l’ombre des volcans. Et un en particulier capte mon attention. Son flan présente une fumerolle (colonne de fumée) que nous pouvons apercevoir à grande distance et signalant son activité.
Parmi les volcans
Situé à la frontière entre la Bolivie et le Chili, le volcan Ollagüe, culminant à 5 868 mètres, est considéré actif malgré qu’il n’ait jamais eu d’éruption. À notre point d’arrêt, on dirait que nous sommes sur la lune, ou sur un site d’éruption volcanique. Le terrain ouvert, accidenté et désert, invite d’ailleurs les touristes à grimper sur les structures de pierre pour leurs photos. En bonus, les rochers et les reliefs variés créent d’intéressants jeux d’ombre malgré un soleil haut dans le ciel.
Les lacs et leurs flamants
C’est au courant de nos prochains arrêts que j’entendrai Jessica dire: “comment est-ce que ça se peut beau de même!”. Nous nous dirigeons vers les lacs de l’Altiplano, qui soutiennent des colonies de flamants (James, Chilien et Andin). À l’arrivée au premier lac, Laguna Canapa, je remarque que les nombreux flamants ne semblent aucunement se préoccuper des touristes alignés sur la berge à les prendre en photo. Pêchant leur nourriture sur les bords du lac, la température glaciale de l’eau ne semble pas non plus les déranger. J’en vois même quelques-uns sur une patte, semblant soit faire leur toilette, soit faire la sieste.
Lors des visites des lacs Canapa et Hedionda, ce ne sont pas seulement les flamants qui émerveillent, mais aussi l’environnement. Les lacs, d’une couleur laiteuse tantôt bleue tantôt turquoise, sont encadrés par de hautes montagnes. Comme Jess l’a dit, on se croirait devant le décor d’un film surréaliste !
Notes Si tu as un zoom, c’est un bon temps pour le sortir ! Les flamants ne sont pas gênés, mais peuvent être éloignés de la rive puisque le lac est peu profond. Tu peux profiter d’un arrêt au lac Hedionda pour faire une pause toilette. Anodin, mais beaucoup de touristes visitent ces sites chaque année. C’est donc la responsabilité de chacun d’utiliser les lieux prévus à cet effet pour préserver l’écosystème et garder les lieux propres pour les prochains visiteurs !
Le désert de Siloli et Arbol de Piedra
Malgré tous ces paysages qui défilent à nouveau devant mes yeux, je ne me lasse pas. C’est en traversant le désert de Siloli, à plus de 4000m d’altitude, que nous effectuons une pause surprise. Un bon vent garde quelques-uns à l’intérieur, mais la montagne aux sept couleurs (Siete Colores) se dresse droit devant nous, semblable à un gigantesque gâteau étagé et ne demandant qu’à se faire photographier.
Un peu plus loin dans le désert de Siloli, à même la réserve andine Eduardo Avaroa, je commence à remarquer quelques structures de roches érodées. Parsemées dans le désert, nous approchons d’un “atoll” de pierres dont une plus célèbre : Arbol de piedra. Présentée sur une grande majorité du matériel marketing des agences, sa structure est facile à reconnaître. Formée sur une très longue période, la fragile structure doit sa forme à l’érosion provoquée par le vent et le sable.
Signe que les temps changent, lorsque j’y suis passé en 2009, des touristes faisaient la file pour grimper sur le rocher l’instant d’une photo. Maintenant, des panneaux soulignent la fragilité de la structure fragile et interdisent de trop s’en approcher. Une belle initiative du parc pour protéger les lieux tout en limitant les risques d’accidents !
Note Le prix d’entrée de la réserve andine Eduardo Avaroa est de 150 Bolivianos (Octobre 2017) et n’est habituellement pas inclus dans les tours. Prévoir le montant en argent comptant. Si tu loges au Tayka Hotel tu auras la montagne aux sept couleurs comme vue de ta fenêtre. Faisant partie de certains circuits haut de gamme, je n’ai cependant pas eu cette opportunité.
Laguna Colorada
Malgré que j’y sois déjà allé, j’avais oublié la couleur du lac. Après les 180 km passés sur la route aujourd’hui, c’est ici que nous passons la nuit et nous avons du temps libre pour explorer les lieux.
En suivant le sentier longeant la rive, nous arrivons aux îlots de borax. Blancs comme neige, simplement y poser le pied est une expérience. La sensation est difficile à décrire. Quelque part entre marcher sur de la craie et marcher sur du plâtre. Sur l’îlot, à marcher en bordure d’un lac rouge, on se croirait sur une autre planète. Mes pas ne font aucun bruit, la surface est sèche et ne glisse absolument pas.
Le temps passera vite sur cette courte randonnée, tout comme notre prochaine nuit. Malgré le fait que nous soyons tous au lit à 21h, les réveils qui sonneront à 4h (du matin) nous feront sursauter !
Sources Thermales et Laguna Verde
C’est longtemps avant le chant du coq que nous prenons la route, puisque nous avons un rendez-vous avec un paysage “ponctuel”.
Geyser
Étant plus actifs au lever du soleil, les geysers ont non seulement leur propre horaire, mais créent aussi leur propre climat. L’air est frais aux alentours, mais les grands jets de vapeur rendent très confortable la visite. Chauffés par un volcan à proximité, les jets atteignent ainsi plusieurs mètres de hauteur et les lacs de boue plus de 100 degrés Celsius. Attention où tu marches pendant la visite, le sol pouvant être instable. Tomber dans un de ces lacs de boue est dangereux. Je suis d’ailleurs surpris, et un peu déçu, de la témérité de certains touristes sur le site. En plus du risque pour eux-mêmes, les lieux sont fragiles et ont été formés sur de longues périodes.
Termas de Polques
Après trois jours dans un 4×4 et des douches sommaires (quand douches il y a) les Termas de Polques sont un grand luxe. Stable à 29 degrés Celsius, le bain chaud permet une pause bien méritée. Contrairement à un Jacuzzi dans ta cour, cette piscine est chauffée naturellement et offre un panorama sur le lac juste à côté et les montagnes environnantes.
Laguna Verde
Lacs siamois situés à l’extrémité sud de la Bolivie, Laguna Verde et Laguna Blanco ont bien peu en commun.
Laguna verde, dont la couleur verte n’est visible que lorsqu’il vente, est incapable de soutenir la vie. C’est sa teneur en arsenic et autres minéraux en plus faible importance qui lui donne sa couleur exceptionnelle. Cette même composition fait d’ailleurs en sorte qu’il ne gèle jamais, malgré les températures extrêmes de la région. En deux visites, j’ai cependant la malchance (chance) d’avoir du beau temps, donc peu de vent et pas de vert !
Inversement, Laguna Blanco, abrite tout comme de nombreux autres lacs de la région quelques flamants.
À notre halte surplombant Laguna Verde, c’est cependant le volcan Licancabur qui attire mon attention. Ayant un côté en Bolivie et un autre au Chili, le volcan a un cône presque parfait et demande à se faire photographier !
Retourner plus d’une fois au même endroit : oui ou non ?
Je voulais retourner dans le grand désert de sel d’Uyuni et l’Altiplano pour partager ces panoramas à couper le souffle avec Jessica. En fin de compte, je l’aurai aussi fait pour moi.
Visiter un endroit une fois ne signifie pas qu’on a tout vu, tout absorbé. Au cours de ces trois jours, j’ai été émerveillé et surpris par la beauté des paysages. J’ai vécu une expérience mémorable avec Jessica et les autres passagers. En quelque sorte, Émilio représente l’antithèse d’une bucket list. Un seul item, qu’on coche encore et encore. Qu’on revisite, qu’on apprend à mieux connaître, mais qu’on apprécie à chaque fois. Pas une course à tout voir, mais bien un apprentissage. Une belle leçon d’humilité et de passion.
Et toi, retournerais-tu plusieurs fois au même endroit ou une fois qu’il est coché sur ta bucket list, tu passes à autre chose ? Quel est LE lieu que tu pourrais revisiter encore et encore ?
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Excellent texte. Les émotions sont bien rendues. Tu m’as donné le goût d’ajouter cette destination à ma liste. Oui, j’ai souvent été dans les mêmes endroits, pour le peuple et les paysages qui me font du bien. Je crois aussi, qu’il y a un temps pour chaque style de voyage. La retraite arrivant à grands pas, nous recommencerons à découvrir de nouveaux endroits à deux. Bonne continuation inspirants Francis et Jessica.
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Gros merci de m’avoir permis ce survol féerique d’une partie de votre voyage, en effet voila la preuve que revisiter une 2ieme fois révèle toujours des perspectives surprenantes, de comparer ,,,,8 ans après des lieux magiques!!!! et lu dans un cookie chinois!!!!!,,,,,Une photo vaut milles mots,,,,, merci!!!!
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Quel bel article riche en paysages et en émotions. J’ai eu l’impression de faire le voyage avec vous. Merci de partager votre exceptionnelle expérience. À ta question je répond : j’ai tellement à découvrir sur cette belle planète, il y a tant de beauté..Francis, je te sens inspiré et tu es en même temps inspirant, ton texte nous révèle une part de ton bonheur et c’est avec grand plaisir que je vais le partager .
6 commentaires sur «Voyager deux fois au même endroit : le désert de sel d’Uyuni»