Selon la légende maorie, le volcan Taranaki était autrefois situé aux côtés des volcans Ruapehu, Ngauruhoe et Tongariro. Après avoir perdu sa bataille face à Tongariro pour conquérir le cœur de la belle Pihanga, il a été chassé vers l’ouest, où il se trouve maintenant. Sur son chemin, il grava dans le sol le lit de la rivière Whanganui, pour ensuite la remplir de ses larmes.
Une rivière et quelques 230 kilomètres séparent désormais les anciens amis. Il ne faut toutefois pas éviter de les franchir pour découvrir des paysages complètement différents de ceux du parc national Tongariro.
L’historique du volcan Taranaki
C’est au centre d’information du parc national Egmont que nous apprenons l’existence du Pouakai Crossing, situé principalement autour du volcan Taranaki, aussi appelé Mont Egmont. Il est impossible à manquer dans cette région qui porte son nom, avec son cône presque parfait s’élevant sur un terrain plat. C’est d’ailleurs un des plus symétriques au monde.
Il faut dire que le volcan Taranaki est jeune, n’ayant été formé qu’il y a environ 135 000 ans. Présentement dormant, il demeure cependant une bombe à retardement pour la région, puisque selon une recherche de l’institut des ressources naturelles à Massey, une éruption est due depuis un peu plus de 100 ans. Mais tu peux marcher une journée sur ses flancs sans crainte, ou presque. Le volcan est suivi de près afin de déceler toute trace d’activité et ainsi assurer la sécurité de la région et des visiteurs.
Pourquoi faire le Pouakai Crossing?
- jouir de la meilleure vue sur le volcan Taranaki, principalement à partir de la tourbière Ahukawakawa et de l’étang Pouakai
- et des paysages à 180 degrés sur la région de Taranaki
- s’amuser à marcher sur les crêtes
- traverser la grande tourbière Ahukawakawa
- profiter de la qualité du sentier
- éviter la foule du Alpine Crossing au parc Tongariro
Et aussi :
- c’est la meilleure randonnée d’un jour dans la région #2 à visiter au monde en 2017 selon Lonely Planet
La randonnée Pouakai Crossing
Le trajet existe sous sa forme actuelle depuis quelques années seulement. Il est recommandé de débuter à partir du centre d’information du parc national Egmont.
Les informations techniques :
- Dénivelé positif : 950 mètres
- Dénivelé négatif : 1 350 mètres
- Distance : 19 kilomètres
- Durée : 6-8 heures (+pauses)
- Boucle : non
- Fichiers pour appareil GPS (GPX/KML/CSV)
NOTE La plupart de sentiers ont une politique « garbage in – garbage out ». Tu dois donc garder tous tes déchets au courant de la journée, puisqu'aucune poubelle n'est disponible. Ceci responsabilise les visiteurs et partage le fardeau pour ramener les déchets hors des sentiers.
Les indications à suivre à partir du centre d’information n’indiquent présentement pas le Pouakai Crossing. Du centre d’information, tu dois suivre Pouakai Circuit (une boucle sur plusieurs jours) ou encore Veronica Loop. Pour savoir si tu pars dans la bonne direction : il faut que ça monte, mais pas vers le Taranaki Summit !
Randonnée sur le Volcan Taranaki
Le premier tronçon de la randonnée est une occasion en or de te réchauffer. Tu y montes de quelques centaines de mètres, principalement à l’aide d’escaliers. Tu sauras que la fin approche quand tu arriveras sur une crête offrant une superbe vue à 180 degrés de la région. Attention à ta casquette quand tu y seras, puisque quand nous y sommes arrivés, il ventait à écorner les bœufs avec des rafales d’environ 60-70 km/h.
Prochaine étape : marcher sur les flans du volcan Taranaki. Ce segment est relativement plat, avec de légères montées et descentes. En réalité, tu y traverses les « bras » du volcan, qui plus bas deviennent des vallées. En plus de pouvoir profiter de vues dégagées grâce aux falaises que longe le sentier, on peut ici découvrir l’historique de la montagne sur certaines parois dégagées. Celles-ci laissent entrevoir les différentes couches de sédimentation (roche/sable/lave/cendres/…) accumulées au fil des ans et ayant formé la montagne telle qu’elle est aujourd’hui. La jonction vers Holly Hut marque la fin de cette partie. Détour de quelques minutes du sentier, la hutte est idéale pour une pause repas et une pause pipi.
NOTE Tu remarqueras que la plupart des sentiers en Nouvelle-Zélande ont des toilettes à intervalles réguliers. Afin de permettre à tous d’apprécier la nature à son état le plus naturel possible, il est attendu des touristes qu’ils utilisent ces installations et non la nature. Principalement au courant des dernières années, il y a un grand afflux de touristes et si tout le monde utilise une « toilette naturelle » les sentiers deviendront pollués autant pour les futurs touristes que pour les animaux et les cours d’eau. Sois respectueux et utilise les toilettes disponibles.
La traversée d’Ahukawakawa Swamp
Après la pause repas, tu reviens sur tes pas jusqu’à l’intersection pour te diriger vers un écosystème fragile nommé Ahukawakawa Swamp. Un panneau situé sur à un point d’observation offre d’ailleurs d’excellentes explications sur les lieux. Pour traverser la tourbière, des passerelles ont été aménagées pour non seulement préserver l’endroit, mais aussi te protéger. On m’a raconté qu’une femme travaillant sur une équipe de tournage a marché l’an dernier à côté de la passerelle et s’est enfoncée dans la tourbière jusqu’aux épaules. Et cela aurait pu être pire puisqu’à certains endroits la profondeur est de plus de 2 mètres. Non seulement il est dangereux de quitter le sentier, mais les dommages sont aussi irréparables sur l’écosystème.
La montée vers Pouakai
Une fois Ahukawakawa Swamp traversé, tu arrives à l’étape la plus difficile de la journée. Celle où tu as l’occasion de brûler l’énergie ingérée pendant ton repas : les marches infinies. Je n’ai pas eu la patience de les compter. Après trois fois à me dire « ça y est c’est la fin », j’ai arrêté d’y penser et j’ai seulement continué à monter. Mais il y a une bonne nouvelle : puisque les vues sur le volcan Taranaki sont superbes, tu peux faire beaucoup pauses photo !
Arrivé au sommet et après une courte pause pour profiter du paysage, tu dois maintenant choisir entre un détour d’environ 30 minutes (aller-retour) vers le Pouakai Tarns ou entamer tout de suite la descente. Ma recommandation est évidemment de faire le détour. Pouakai Tarns est en fait un petit étang situé sur cette crête et faisant partie du Pouakai Circuit. L’attrait n’est cependant pas l’étang en soi, mais la réflexion qu’il projette du Taranaki. Évidemment, ça dépend de la température. Avec des rafales à 80 km/h, nous n’avions que des vagues sur l’étang, qui a pourtant moins de 10 mètres de long. Mais c’est tout de même ici que nous avons eu la meilleure vue du majestueux volcan.
Rejoindre la fin du sentier et Mangorei Road
Une fois revenu sur tes pas vers le croisement, tu suis la direction Mangorei. La descente vers Mangorei Road traverse différents types de végétation. Tu croiseras aussi en chemin la Pouakai Hut (qui a une toilette sèche). Si tu as les genoux sensibles, c’est une partie difficile puisque tu y descends de plusieurs centaines de mètres, majoritairement sur un sentier aménagé (passerelles et marches).
J’ai beaucoup aimé cette randonnée, mais surtout la tranquillité sur le sentier et les vues sur le volcan. Nous avons pris environ 7 heures pour le faire, à un rythme modéré. Malgré le bon dénivelé, je n’ai pas senti que nous avions fait plus de 1 000 mètres de montée au courant de la journée. Puisqu’il y a en fait deux montagnes à monter, les montées et descentes s’alternent et font que la randonnée est bien balancée !
Point de départ du Pouakai Crossing
Le Pouakai Crossing n’est pas une boucle. Il est donc important de planifier ton transport adéquatement. Nous avons utilisé les services d’une navette qui nous offrait deux options (les deux au même prix) :
- Stationner la voiture à la fin de Mangorei Road (Mangorei Track Trailhead dans Google Maps) et prendre la navette jusqu’au centre d’information du parc (North Egmont Visitor Centre dans Google Maps), pour ensuite marcher jusqu’à la voiture
- Prendre la navette d’où tu dors vers le centre d’information du parc, puis effectuer la randonnée vers Mangorei Road et reprendre la navette pour revenir « chez toi ».
Il est possible de faire le sentier en sens inverse, et certains font seulement la portion du chemin entre Mangorei Road et Pouakai Tarns. Cependant, le service de navette ne permet la marche que dans ce sens, et la direction que nous avons prise requiert plus de descente que de montée.
Nous avons utilisé Taranaki Mountain Shuttle qui était facile à rejoindre via Facebook. En décembre 2017, nous avons payé 40$ par personne à partir de Mangorei Road. C’est d’ailleurs en chemin vers le point de départ que nous avons appris l’histoire de la montagne et de la région. En plus de fournir des informations intéressantes, le conducteur connaissait très bien la région et nous a aussi fourni une carte et des explications sur le Pouakai Crossing.
Bon à savoir
Sécurité sur le sentier
Le Volcan Taranaki a une grande influence sur le climat de la région, mais son climat est lui-même influencé par des masses d’air sur 360 degrés. La température est par conséquent très instable. Il n’est pas rare de voir une journée chaude et ensoleillée se transformer en tempête de grêle. Comme toujours en montagne, il faut donc utiliser un système multicouche et être prêt à affronter plusieurs types de température. Les indispensables :
- Imperméable / coupe-vent (par exemple Gore-Tex)
- Laine polaire / duvet
- Quantité suffisante d’eau
- Bons souliers de randonnée
- Une carte pour t’orienter (physique ou virtuelle)
Restauration du Parc National du Mont Egmont
Taranaki Mounga est un vaste projet de restauration du volcan qui durera une vingtaine d’années. L’objectif ambitieux est d’y restaurer la vitalité de la faune. Par exemple, 2 160 pièges à rats ont été installés en 2017 à l’intérieur du parc.
Informations supplémentaires sur le Pouakai Crossing
Le site web du Department of Conservation ainsi que le centre d’information du Parc National Egmont sont d’excellentes sources d’information pour planifier ta randonnée. Le centre d’information pourra d’ailleurs t’informer sur les conditions actuelles des sentiers et la météo sur le volcan. Fais-y un stop avant de partir sur le sentier !
Profite bien de ta randonnée, et si la journée est nuageuse, ne t’en fais pas. La légende raconte aussi que quand le volcan Taranaki est sous les nuages, c’est qu’il se cache pour pleurer sa défaite contre Tongariro et la perte de la belle Pihanga ! Et le temps change vite ; ça ne dure jamais bien longtemps.
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Lecture très enrichissante pour toute personne qui s’intéresse à la nouvelle-Zélande. Pleins d’informations pertinentes sur le trek dont il est question avec un peu d’histoire en prime. C’est un plaisir de te lire et de te suivre dans tes aventures. La Nouvelle-Zélande m’a toujours fascinée alors je suis gâtée.
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